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Les générations

Témoignages :  

« Même en cours, je ne peux pas m’empêcher de l’allumer »

En colocation depuis septembre 2020, Juliette et Théo ont un rapport au téléphone très différent. Les deux alsaciens, fraîchement arrivés à Nice, sont amis depuis de nombreuses années mais n’avaient jamais vécu ensemble auparavant. L’un est accro à son portable. L’autre, beaucoup moins...

Théo, 20 ans, étudiant en Histoire

« En fait, je me rends compte que mon téléphone est littéralement greffé à ma main. Ou plutôt, c’est Juliette qui me l’a fait remarquer. Des fois je le regarde mais sans savoir pourquoi, c’est un vrai reflex. Même en cours, je ne peux pas m’empêcher de l’allumer, pour surfer sur les réseaux sociaux, regarder des vidéos ou envoyer des messages à mes amis. C’est un peu bête à dire, mais j’ai aussi peur de louper des messages dans les conversations de groupe que j’ai sur Messenger ou Snapchat. J’ai conscience que ce n’est pas qu’une relation fusionnelle avec mon téléphone mais une véritable addiction. Au restaurant entre amis ou même au cinéma avec une fille, je sors mon téléphone pour jeter un coup d’oeil à mes notifications qui défilent. Et parfois, je réponds même aux messages... On me dit alors que je suis incapable de profiter du temps présent, et c’est surement vrai. J’envoie beaucoup de messages à mes amis d’enfance, restés en Alsace, pour leur dire qu’ils me manquent ou leur raconter ma vie. Mais une fois que je les aurais en face à moi, je serais sur mon téléphone pour discuter avec mes copains de fac de Nice. C’est comme si je préférais avoir des liens virtuels. Et dit comme ça, c’est très étrange. J’aimerais m’en détacher, mais quand ton premier geste au réveil est d’attraper ton téléphone, difficile de changer ses habitudes. Juliette m’a proposé de passer une journée sans portable. Je devrais peut-être essayer... »

Juliette, 22 ans, étudiante en Lettres

« Je pense dire à Théo tous les jours de lâcher son téléphone. Je crois même que c’est la phrase que je prononce le plus dans une journée. Mais c’est assez insupportable de voir une conversation coupée par un téléphone qui sonne, ou juste par envie de regarder ses dernières notifications. Pour ma part, j’utilise le téléphone le matin, comme réveil, mais également pour donner rendez-vous à mes copines à la fac ou pour aller se promener. Mais une fois que je suis avec elles, mon téléphone reste au fond de mon sac. Même chose au bar, au restaurant, en boîte de nuit, quand on pouvait encore y aller (rires). Je n’ai jamais compris ces gens qui, entourés de leurs familles ou amis, pianotent sur leur smartphone en pleine discussion ou moment de détente. Pour moi, c’est un manque de respect. En gros, on fait comprendre aux personnes en face de soi : ‘attend, j’ai mieux à faire sur mon téléphone, plutôt que de t’écouter parler’. Je comprends que pour les plus timides, il est plus facile de discuter avec autrui via les réseaux sociaux. Mais ces gens là vont être pénalisés dans la vie, s’ils ne sont pas capables d’avoir des liens réels avec les autres. Moi ce qui me rend vraiment heureuse c’est de passer des vrais moments avec mon entourage, pas des moments virtuels... Les réseaux sociaux je ne les utilise que pour prendre des nouvelles de mes amis restés en Alsace. Mais une fois que je les retrouve, je pose mon téléphone... »

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Interview :  

"J'envoie beaucoup de SMS"

Les seniors cèdent, de plus en plus, à la tendance des téléphones portables. Ils sont bien plus branchés qu’on ne le pense. Puisqu’un sur deux, déclare ne plus pouvoir se passer de son smartphone. Un outil devenu indispensable à leur quotidien. Rencontre avec Marie-Claude, octogénaire et connectée.

Marie-Claude, expliquez-nous comment le téléphone est arrivé dans votre quotidien…

J’ai maintenant 83 ans et cela fait un peu plus de cinq ans que j’utilise le téléphone portable. J’ai cassé le premier et j’ai été obligé d’en racheter un. Vous savez, ce genre de choses quand on ne l’a pas, on s’en passe très bien, puis le jour où on l’a, on ne peut plus s’en passer. C’est comme le micro-onde ! (Rires). Et pareil, j'ai appris toute seule à m’en servir. Mais bon, heureusement, j’ai beaucoup de neveux qui m’aident. Parce qu’il faut avouer que je fais quand même beaucoup de bêtises…

 

Selon vous, c’est une question de génération ?

 

À l’époque, on s’en sortait très bien sans. J’ai passé une thèse de droit, loin de mes parents sans pouvoir les joindre. C’est vrai qu’en y réfléchissant ce n’était pas évident. On devait se contenter des courriers, ou des cabines téléphoniques. Aujourd’hui, vous pouvez joindre qui vous voulez, quand vous le voulez.

Quelles fonctions du téléphone utilisez-vous ?

 

J’envoie beaucoup de SMS. C’est ce que je sais le mieux faire. Je peux envoyer des photos et en recevoir. Et puis j’appelle aussi énormément. C’est quand même la fonction première du téléphone. D’ailleurs, j’en ai découvert une bien pratique : les appels en visio. Ça me permet de pouvoir voir mes neveux qui sont loin de moi.

 

Avez-vous un exemple qui montre l’importance d’avoir un smartphone aujourd’hui, même chez les seniors ?

 

Je vis seule. Je suis rassurée de savoir que je peux prévenir s’il m’arrive quelque chose. Une fois, je l’ai oublié chez moi alors que j’étais partie en vadrouille. Ma sœur, qui s’inquiète facilement, a essayé de me joindre dans tous les sens. Alors là, catastrophe… Elle s’est inquiétée comme pas possible. Alors maintenant, je fais toujours attention à l’avoir sur moi. C’est rassurant pour moi et surtout pour les autres.

 

Pendant le confinement, avez-vous davantage utilisé votre téléphone ?

 

Oui, j’ai énormément téléphoné. Cela m’a permis de garder du lien social avec mes proches et mes amis. Je me sentais moins seul. En plus, le soir avec des amies qui habitent un peu plus loin, on faisait des apéros en visio. Ce n’était pas mieux qu’en vrai, mais c’était quand même sympa.

 

Que pensez-vous de l’omniprésence du téléphone aujourd’hui chez les nouvelles générations ?

 

Même si je trouve ça très pratique, cela me chiffonne de voir les gens accrochés à leur téléphone. Je rouspète constamment contre mes neveux. Ils ont constamment le portable dans la main, et quand je les appelle, ils ne sont pas fichus de me répondre. Ça me fait rogner.

Mon enfant et les smartphones   

Nous appelons cette génération : la 2.0. Elle est connectée prématurément. Le téléphone devient un outil indispensable. Les mineurs possèdent un Smartphone à un âge plus précoce. 83% des 12-17 ans avouent avoir entre leurs mains un appareil technologique en permanence. Selon un sondage de Bouygues Télécom, les enfants ont leur premier téléphone à 11 ans. À cette période là, les adolescents rentrent au collège. C’est la raison du premier achat, ils quittent papa et maman. C’est le moyen de les joindre au moindre problème. Mais un nouveau sondage de Bouygues Télécom, indique que 87% des parents sont favorables à une loi interdisant l’utilisation du téléphone aux jeunes au collège. Tout est fait pour rendre les jeunes addictes aux écrans. Les réseaux sociaux sont omniprésents. Ils suivent les stars de télé réalité, pour certains c'est leur modèle. Elles publient énormément de story sur leurs différents comptes. Les enfants en raffolent. 

Mais la pratique des écrans peut être nocive pour les enfants. À cet âge là, les enfants ont besoin de bouger. Ils doivent avoir une activité physique pour se dépenser. Le téléphone ne remplace pas cette activité. La coach parental, Anne Peymirat recommande, sur le site Doctissimo, d’utiliser les gadgets électroniques, « à 8 ans pour une durée maximale d’une heure par jour ». Mais une étude de "faireparterie", montre que 28 % des jeunes ont un téléphone avant 8 ans. Le portable sert à communiquer. C’est un lien social entre les adolescents. Les priver augmenterait le risque d’harcèlement, car ils ne seront pas en contact avec leurs amis. Mais il faut une limite. Pour éviter que votre enfant devienne accro à son téléphone, posez certaines règles. Déterminez le temps d’utilisation. Il faut lui indiquer les créneaux pendant lequel il a le droit d’utiliser son portable. Et instaurez des moments sans son téléphone, notamment aux repas de famille ou avant de se coucher.

Attention à un usage excessif avant trois ans

Les jeunes ont très tôt un téléphone entre leurs mains. Dès le plus jeune âge, les enfants jouent avec le téléphone de leurs parents. C’est la solution pour obtenir les silences. C’est interactif, ils sont obnubilés par l’écran. Quand on leur enlève des mains, ils pleurent. Ils deviennent addicts ! Mais ils ne doivent pas être confrontés à un écran avant trois ans. Les risques sont importants. Être exposé à un écran à cet âge là empêche le développement du cerveau. Une surfréquentation des téléphones peut être dangereuse. Elle peut entrainer des troubles du sommeil ou de l’alimentation. « Un enfant de quelques mois, n'a pas besoin d'un écran. Il se développe et se construit affectivement grâce au contact. On ne fait rien perdre à un enfant de cet âge en ne lui proposant pas le téléphone », dit Justine Atlan présidente de l'association E-enfance. Autre facteur important, l’utilisation de téléphone confronte l’enfant à des ondes. Et ils sont sensibles à cette dernière. C’est pourquoi il faut interdire le téléphone.

Sur 373 répondants,
47% avouent avoir eu leur premier téléphone avant 15 ans.

En général, que font les Français sur leur téléphone ? 

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